Joyeux anniversaire à mes 20 ans d'intégration en école d'ingénieur : mais où sont les femmes ?!
En discutant avec des jeunes en école d'ingénieur, j'ai réalisé qu'il y avait toujours aussi peu de femmes dans ce milieu.
Je me suis alors dit mais attend 2003-2023, joyeux 20 ans d'intégration Madame l'Ingénieure !

Mes ambitions ?
Faire des maths sans être enseignante car venant d'un collège ZEP j'avais vu des camarades balancer des gommes sur des professeurs qui finissaient en pleurs. Je me suis alors promise de ne jamais faire prof de maths, métier trop ingrat.
Et faire de l'informatique, que j'appréciais moins, mais pour ne jamais être au chômage. Je souffrais du syndrome de la phobie de la famille modeste qui vit à découvert. C'est ainsi que je me suis forcée à faire de l'informatique et que j'ai ensuite trouvé une certaine fierté à développer des programmes pour des traders avant de moi-même devenir tradeuse.
Cinq demis
Ayant fait cinq demis (refaire sa deuxième année de prépa), je le vivais comme un échec total, dépitée de ne pas avoir intégré mon premier choix d'école du premier coup. Ma mère avait alors eu l'excellente idée de me suggérer d'en profiter pour passer mon code et mon permis avant les concours car avec ma bourse je ne pourrai pas me payer à la fois un logement en école d'ingénieur en dehors de Paris et mon permis.
Effectivement, à part Polytechnique ou Centrale, qui sont même loin de Paris-centre, de nombreuses écoles d'ingénieur sont réparties dans toute la France.
Bingo, j'ai eu mon permis une semaine avant de passer les concours en Avril 2003.
On sentait l'expérience de la mère d'ingénieurs-femme de ménage. Oui, j'ai deux grands frères ingénieurs et un troisième qui nous a ouvert les portes en faisant prépa et a finalement décidé d'être professeur de physique. Heureusement ses élèves le kiffent et ne lui balancent pas de gomme.
Alors à bas les discours misogynes et classistes, si j'ai pu devenir ingénieure c'est grâce à trois hommes, mes trois grands frères, et une femme sans diplôme, ma mère.
Elle savait les sacrifices que ce parcours engendrait et elle a tout mis en place pour me faciliter au maximum ma concentration et préparation mentale. C'était ma seule coach féminine en motivation et je ne connaissais aucune femme ingénieure.
Durant mes études au collège et lycée, on ne m'a jamais proposé de faire prépa ou école d'ingénieur. Etait-ce parce que j'étais une fille, parce que je venais d'un milieu populaire, les deux ?
Ceci étant dit ma professeur de maths au lycée m'adorait. Elle m'avait fait un dossier d'appréciations en béton pour la prépa. Mais elle me parlait étrangement beaucoup plus de sa nostalgie d'avoir vécu et travaillé Marrakech, ville que moi-même je n'avais jamais visité, plutôt que de la future vie en prépa.
La rentrée des classes
Toulouse ! Je me souviens d'une douce semaine de rentrée ensoleillée, encore estivale qui laissait présager un retour à la vie "normale" après de dures années de travail en prépa et pour passer le marathon des concours à l'écrit puis à l'oral.